En hommage à Ahmed Bensaada, grand pédagogue

J'ai rencontré Ahmed Bensaada pour la première fois en 1999. Il venait alors de se joindre à l'équipe des concepteurs de CyberScol avec une intention très précise. Mettre en ligne un site proposant une démarche d'appropriation des sciences, en prenant appui sur un usage pragmatique des TIC pour permettre aux élèves de donner du sens à leurs apprentissages.

Une démarche qui, déjà, permettait de comprendre l'importance d'intégrer dans un même processus d'apprentissage des visées de développement de compétences disciplinaires et transversales. Des termes qui font aujourd'hui partie de notre vocabulaire mais qui, en 1999, quelques années avant la mise en œuvre de la réforme, témoignaient déjà de l'étendue de sa réflexion pédagogique.

Depuis ce temps, au hasard des rencontres, des courriels, de ses publications, quelques fois des tournages que nous avons réalisés dans sa classe pour le projet «Zoom sur l'expertise pédagogique», j'ai vu Ahmed ajouter une à une et sans relâche des pierres à cet édifice. Il y a quelque chose d'admirable dans l'engagement de cette personne qui ne cesse de croire que son travail de pédagogue peut faire une différence.

Et cette différence est visible dès lors que l'on entre dans sa classe. Des élèves curieux, engagés, respectueux, travaillant ensemble à la réalisation et à la publication de leur projet de recherche. Des élèves d'une école d'un quartier modeste de Montréal dont le parcours scolaire aura été marqué par la rencontre avec cet enseignant. Leurs travaux, nombreux, publiés sur le site «Science animée», en témoignent.

Voilà près de 10 ans maintenant que j'observe avec intérêt le travail d'Ahmed. Avec une certaine curiosité aussi car on ne peut être témoin d'un tel parcours sans se demander ce qui le motive. Ce n'est que très récemment, à l'occasion d'un souper, que j'ai eu l'opportunité de mieux connaître la carrière scientifique de ce docteur en physique et de comprendre comment sa profonde connaissance et sa passion du domaine font de lui ce médiateur exceptionnel. Une longue route également, parfois choisie, parfois déterminée par les événements, qui l'a mené de l'Algérie au Québec en passant par la France. Une large perspective qui explique en partie son intérêt pour les collaborations que ses élèves et lui entretiennent avec des écoles du Vietnam et l'Algérie. Et surtout, surtout, un goût profond pour l'enseignement et l'apprentissage.

Les prix CHAPO récompensent des personnes qui ont œuvré à l'intégration des TIC dans le milieu scolaire. Nous soulignons aussi aujourd'hui une œuvre d'enseignement, au sens noble du terme.

Ahmed, chapeau!

Robert David, professeur
Université de Montréal