On ne peut évoquer le Cambodge sans penser aux admirables danseuses
cambodgiennes. Ce sont les "Apsaras". En sanscrit, ce mot
signifie "femmes qui marchent sur l'eau". La danse qui porte
le même nom est riche de plus de 4000 postures différentes
et son origine remonte aussi loin que celle de la glorieuse dynastie
angkorienne. À cette époque, ces danseuses étaient
considérées comme des divinités et vivaient recluses
dans des temples. Cette danse quasi-céleste qui requiert une
agilité extrême et un entraînement draconien, allie
une gestuelle précise, une posture corporelle suggestive et
une expression faciale aussi énigmatique que les visages de
pierre du temple de Bayon. La chorégraphie, minutieusement
réglée, suit les rythmes d'une musique ancestrale et
d'onomatopées qui semblent provenir des temples environnants.
Les costumes et les bijoux, fruits d'un savoir-faire artisanal millénaire,
rehaussent majestueusement la beauté et la grâce de ces
ballerines d'un autre temps. La symbiose entre tous ces éléments
transforme la scène en un lieu de communion où chaque
spectateur participe, bien malgré lui, à un office mystique.
Toute cette féerie a failli disparaître sous les Khmers
rouges de Pol Pot. En effet, ce régime ignare et inculte considérait
cet art rétrograde, bourgeois et élitiste. Ainsi, les
danseuses et les musiciens furent massacrés, les infrastructures
artistiques détruites et les partitions brûlées.
Actuellement, un travail de fourmi est entrepris pour reconstruire
le patrimoine avec les rares rescapés du génocide. Ironie
du sort, les danseuses que vous pouvez voir à Siemreap (photos
ci-dessous) sont des filles élevées dans les orphelinats
de la région et dont les parents ont péri sous les exactions
des khmers rouges.
Comme
quoi, même la mort n'a pas réussi à annihiler
les nymphes qui marchent sur l'eau. Au fait, sont-elles vraiment humaines?