Le Cambodge ne s'est pas encore remis de son génocide. Une
sorte d'hémorragie sociale provoquée par une poignée
d'incompétents illuminés arrivée au pouvoir par
un concours de circonstances que seule l'histoire (avec un petit h)
est capable de créer.
Il
y a tout juste 30 ans, le 17 avril 1975, Pol Pot et ses acolytes prirent
le pouvoir au Cambodge. Ils ont été responsables de
la disparition de quelques 2 millions de personnes, soit environ le
tiers de la population cambodgienne de l'époque. Aucun tribunal,
aucun jugement ni aucune action de justice ne sont venus les inquiéter.
Visiter
le musée du génocide à Phnom Penh, c'est pénétrer
dans l'antre du diable, aller à la rencontre de ce que l'homme
a de plus vil, descendre dans les catacombes de la déchéance
humaine et prendre conscience que la cruauté peut être
érigée en système. Ce musée, originellement
le lycée Tuol Svay Prey, est devenu le plus grand "centre
de sécurité" du pays. Ce
"centre de torture" est, encore aujourd'hui, marqué
par les stigmates des atrocités qui s'y sont déroulées.
Il baigne dans une atmosphère quasi-irréelle,
silencieuse mais pas muette de sorte qu'on croit percevoir, de temps
à autre, le cri strident d'un humain qu'on charcute.
Transformer
un lycée en geôle, c'est choisir la mort comme modèle
de vie.
Le
Cambodge ne s'est pas encore remis de son génocide.
Je doute fort qu'il s'en remettra un jour...